Perosia Astelle

Aurœris et les kiriahs (I)

Aurœris

Comment pourrait vivre une civilisation uniquement avec des pouvoirs psychiques ? Comment évoluerait-elle sur le plan social et politique ? Comment éviterait-elle les abus ? Comment traiterait-elle les abus ? Et comment percevrait-elle les mondes sans ces dons ?

Ces questions ont servi à la construction de la saga Aurœris. Un monde imaginaire, bien sûr, mais que j’ai tenté de rendre le plus crédible pour les habitants de cette planète.

Dans ce premier article, vous découvrirez le fonctionnement des kiriahs (pouvoirs psychiques autres que la télépathie et la télékinésie), les lois les régissant et l’uriah, lieu de travail des kiriahnis. Un second article présentera l’intégration des kiriahs dans la société, l’éducation et la politique.

Les kiriahs et les perles

une couleur = une fréquence lumineuse/psychique =  un kiriah

Tous les habitants d’Aurœris possèdent la télépathie et la télékinésie. Au travers des siècles, d’autres pouvoirs psychiques se sont développés. Le peuple a cherché à les maîtriser (les activer et désactiver comme souhaité), à augmenter leurs puissances et à étendre leurs capacités. Ils ont ainsi créé une forme de technologie basée sur la couleur :

  • Les perles : elles permettent à une personne possédant un pouvoir (un kiriahni) de le déclencher et le renforcer. Le kiriahni se connecte à sa perle, qui lévite au-dessus d’un diadème fixé sur sa tête, et l’imagine de la couleur liée à un pouvoir psychique. Et voilà le tour est joué ! Car une couleur est une seule fréquence lumineuse, comme un kiriah est une seule fréquence psychique ;
  • Les sphères : elles possèdent chacune une fonction précise qu’il suffit d’activer en se connectant par la pensée. Elles permettent d’aider le peuple sans kiriahs dans les tâches de la vie quotidienne (chauffer, refroidir, éclairer, communiquer à distance…), et revêtent aussi une couleur suivant la fonction.
Cercle de perles de différentes couleurs

Un échantillon de kiriahs et leur couleur :

  • Bleu ciel : modifier la météo
  • Corail : téléporter un être vivant ou un objet. Nécessite de connaitre le point d’arrivée
  • Gris : voir un avenir potentiel
  • Jaune : manipuler les minéraux et gaz
  • Marron : lire les pensées d’autrui par la force (interdit)
  • Sable : Rendre invisible une zone autour de soi (visible à l’intérieur)
  • Vert foncé : soigner un être vivant (au niveau cellulaire)
  • Violet : télépathie sur une très longue distance

Une couleur demeure très particulière. Le blanc. Il correspond au Lien. Tous les hommes et femmes d’Aurœris rêvent de l’avoir… même s’il conduit à la mort plus rapidement !

Kiriahs et croyance

Le peuple d’Aurœris n’a développé aucune religion. En revanche, il croit en une histoire sur la création des premières perles des pouvoirs psychiques. La légende des Perles. Elle est honorée lors du nouvel An (la fête de la Moisson), comme le raconte le chapitre 5 du tome 1 de la saga. Ce récit résonnera tel un écho douloureux pour Flore et Sojeyn, impuissants face au Conseil si arrogant.

À cette époque reculée, le roi Riahn et son cousin Kilyan, avec l’aide de leurs compagnes, dirigeaient une planète où les Aurœrians établissaient les premières villes et luttaient avec courage contre les nombreuses catastrophes naturelles. La famille royale montrait l’exemple, ne ménageant pas ses efforts. Son affection rayonnait sur tous.
Hélas, au cours d’une de ces batailles, le fils de Riahn décéda, emporté par un terrible incendie de forêt qui avait duré une semaine et tué bien des malheureux. Fou de douleur, le souverain accusa Kilyan afin de permettre à son enfant d’accéder au trône.
Il oubliait que son cousin s’était battu contre les flammes dévastatrices nuit et jour, il oubliait que son cousin avait sauvé des vies au péril de la sienne à chaque instant.
Riahn ne clamait qu’une chose : cet homme et son fils étaient prisonniers d’un même brasier, et le premier en avait réchappé… seul.
Avec l’accord du Conseil, le roi exila Kilyan, lequel, par fierté, ne se défendit pas, donnant ainsi raison à la condamnation inique. Leurs compagnes, Llyrna et Iahni, plus sages, tentèrent de les convaincre de leur erreur.
En pure perte.
Durant des années, le couple banni demeura isolé au milieu de prairies constellées d’une fleur encore inconnue. Ses huit pétales dentelés, couleur émeraude pailletée d’or, n’attiraient pas le regard. La plante recelait pourtant d’étranges propriétés sous son apparence banale. Les exilés en fabriquèrent des élixirs. Ceux-ci renforçaient les capacités psychiques naissantes ou amélioraient les effets d’autres potions.
Alors qu’il vivait heureux, sans regret pour son ancienne vie, Kilyan se réveilla une nuit en sueur après un cauchemar. Son pouls était désordonné, il peinait à récupérer son souffle, et le feu brûlait dans ses veines. Quand il put parler à nouveau, il le raconta à Iahni.
D’ici peu, un tremblement de terre provoquerait une éruption : il ravagerait la capitale du doryaum de Volcani et exterminerait la population.
Pendant une visite du souverain.
Contre l’avis d’Iahni, Kilyan refusa d’y croire. Or, le rêve devint récurrent et, avec des trésors de patience, sa compagne le persuada de sa véracité. Avec toutes ces vies en jeu, il devait alerter Riahn, déclara-t-elle. Quoiqu’il en coûte. Il finit par céder et le couple se rendit au palais.
Malheureusement, le roi leur interdit l’entrée, malgré la pression de Llyrna.
Kilyan et Iahni n’abandonnèrent pas pour autant. Le jour du drame, ils s’installèrent près du volcan avec l’espoir de détourner le trajet du flot meurtrier. Lorsque les secousses démarrèrent et qu’une première lave déborda du cratère, le cœur de Riahn s’ouvrit enfin.
Le souverain comprenait où l’avait amené son orgueil.
Il rejoignit le couple exilé avec Llyrna. Dans la tourmente infernale, ils se réconcilièrent sans un mot : la force de leurs yeux parlait pour eux. Ils unirent leurs pouvoirs contre le monstre visqueux qui rasait tout sur son passage, qui assassinait des Aurœrians impitoyablement.
Concentrés sur leur tâche si ardue, ils détectèrent trop tard qu’un second flux se ruait… là où ils se trouvaient. Tous les quatre acceptèrent leur destin et continuèrent à se battre pour sauver la population.
La coulée traîtresse, brûlante, destructrice, les engloutit en une seule vague.
Le lendemain, des survivants découvrirent à l’endroit de leur mort quatre sphères transparentes irisées. Le fils de Kilyan, devenu le nouveau roi, baptisa alors les pouvoirs psychiques, les kiriahs, et la fleur couleur de l’émeraude, la llyriah, en l’honneur des deux couples.
La légende des Perles était née.

Les Principes

Aurœris n’a pas toujours été une civilisation pacifique. En désirant maîtriser les kiriahs, les développer, les renforcer, le peuple s’est perdu dans les siècles de la Décadence. Les royaumes n’hésitaient pas à corrompre, tuer, torturer, marier de force. Les hommes et les femmes n’avaient plus de droits, seule comptait la concentration des kiriahs. Jusqu’à entraîner l’effondrement démographique. Dans ce chaos, la reine Edjo a trouvé la lumière et sauvé son peuple de cette spirale infernale et mortelle. Le Conseil l’a écoutée, les Principes ont été établis et le tribunal des kiriahs ôté des mains des dirigeants.
Ces Principes sont rappelés lors de la fête de la Moisson par l’uriahmi (le responsable de l’uriah où vivent, enseignent et travaillent la majorité des kiriahnis) :

  • Premier Principe : Se former. Un Aurœrian sauvage est dangereux pour lui et les autres.
  • Deuxième Principe : Employer son pouvoir psychique pour le bien de tous. 
  • Troisième Principe : Respecter et protéger la vie privée de chacun.
  • Quatrième Principe : Recourir à son kiriah uniquement en cas de nécessité.

La création de ces Principes a permis d’apporter une base plus équitable et juste aux tribunaux des kiriahs.

Malgré les Principes, la séparation des pouvoirs et d’autres règles afin d’éviter le retour des siècles de la Décadence, le peuple d’Aurœris reste très marqué par son passé. Au point de développer de nouveaux modes de vie. Le rejet du combat, des armes en sont un exemple, mais aussi celui du toucher. Il ne se pratique qu’en cas de nécessité et a obligé les kiriahnis à trouver un autre moyen de concevoir les enfants.

Mioca, la future compagne de Sojeyn, est une exception à cette coutume du rejet du toucher. Car sa mère l’a éduquée dans les embrassades et les câlins. Un des rêves de Mioca ? Rallier Sojeyn, toujours prêt à expérimenter, à ses idées “progressistes”.

Portrait de Mioca, Aurœrianne sans kiriah.

L'uriah et le Cercle

Schéma d'un uriah

L‘uriah est le lieu de vie, d’enseignement et de travail des kiriahnis. Il est dirigé par un uriahmi, aidé des maîtres. Il existe un uriah par doryaum, et l’uriahmi siège au Conseil d’Aurœris. Toutefois, son pouvoir se limite à la discussion et aux décisions concernant les kiriahs et leurs emplois. Et inversement, le statut social d’un kiriahni demeure à la porte de l’uriah. Un non-noble peut ainsi devenir le maître d’un groupe de nobles.

Tous les uriahs (9 au total) sont construits sur le même plan : un cercle. Le côté ouest est dédié à la santé, le côté est à l’enseignement et au travail des Cercles.

Qu’est-ce qu’un Cercle ? Il est le pendant de la perle du kiriahni : renforcer les pouvoirs psychiques. Il sert là où un kiriahni ne peut réussir une tâche tout seul. Parce que la puissance d’une personne ne peut suffire, parce que la combinaison de plusieurs kiriahs est nécessaire. Construire un important bâtiment, téléporter un groupe de personnes ou une seule personne à des kilomètres, soigner une très grave maladie, intervenir après une catastrophe naturelle

Le Cercle se compose de six kiriahnis qui apportent les pouvoirs psychiques, d’un moniteur dont le rôle est de rééquilibrer les énergies des membres du Cercle, et enfin d’un maître. Le nom de Cercle vient du fait que les membres se mettent en cercle autour d’une imposante sphère. Celle-ci lévitera au-dessus du sol et le maître aura la tâche de connecter les esprits des kiriahnis à cette sphère. Une fois la connexion établie, le Cercle devient une entité indivisible que le maître dirige.

Toutefois, se connecter à un Cercle est loin d’être une chose simple, et même très dangereuse pour un débutant. L’extrait ci-dessous montre justement la difficulté de Sojeyn à sa première tentative.

Le maître le rattacha à l’imposante sphère au centre. Sans la voir, Sojeyn savait qu’elle lévitait à une main de son socle, traversée d’arcs lumineux irisés. Il vogua à elle et plongea dans un bain. Irréel, mais agréable. La sensation fut interrompue avec l’arrivée d’un esprit étranger, puis d’un second et ainsi de suite. Ils essayaient de s’unir au sien, lequel se délayait. Cette pression le perturba… le révulsa.
Je veux rester moi-même !
Il souleva ses paupières : des vagues tumultueuses remplaçaient son bain douillet. Elles le submergeaient, le ballottaient, se riaient de lui. Il luttait contre elles, s’asphyxiait, coulait, remontait.
Et recommençait.
Lorsqu’une main chercha à calmer son cœur enfiévré, Sojeyn la rejeta avec violence. Il s’acharnait contre les éléments déchaînés, il s’acharnait pour sa vie. Pourtant, l’ennemi eut raison de ses forces et l’attira au fond.
Son regard désespéré accrocha les reflets du ciel à travers l’eau tandis qu’il s’enfonçait petit à petit. Dans un dernier geste de révolte, il tendit les doigts. Ceux-ci voulaient agripper une bouée invisible.
En vain.

Conclusion

Etablir une civilisation dont le mode de vie, les lois, les interactions sont basés sur des pouvoirs psychiques demande de tout étudier. Sans oublier de rester crédible dans cet univers, qu’il paraisse plus scientifique que magique avec l’idée simple une couleur = une fréquence = un pouvoir psychique.

J’ai présenté la construction autour de ces kiriahs et quelques exemples d’emploi (la saga en présente d’autres : le comurion, les rideaux psychiques, les salles de téléportation…).  À partir de ces briques, il s’agit de développer le système d’éducation, de santé, politique. Ce sera l’objet d’un second article.

Stay tuned !

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