Perosia Astelle

Interview Dominique Lémuri – “Sous la lumière d’Helios”

Lecture

A la suite de ma chronique sur son livre Sous la lumière d’Helios (Les Éditions du 38), Dominique Lémuri a accepté de se prêter à mon interview.

Pour rappel, le genre principal de l’histoire est le planet-opera (science-fiction), et si vous vous demandez à quoi cela correspond, vous trouverez la réponse dans un article dédié de mon blog.

Micro pour interview

Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

J’écris depuis l’adolescence et ai publié ma première nouvelle en 2012. Depuis cette date, d’autres ont suivi, toujours dans les genres de l’imaginaire. Pour gagner ma vie, j’ai mené une carrière en administration et comptabilité dans une grosse entreprise, donc rien à voir avec l’écriture. De plus, j’ai de nombreuses passions dans le domaine artistique, un mari et trois grands garçons. J’habite dans le Puy-de-Dôme, en France, et (ah oui !) je fais partie de l’organisation des Aventuriales, salon du livre de l’imaginaire dont nous préparons (déjà !) la 9ème édition.

Comment te prépares-tu à une séance d’écriture ou quel est ton lieu préféré ?

Cela dépend du type de travail. Pour du premier jet : Il me faut une ambiance musicale pour me concentrer, et l’idéal est une médiathèque ou un bar avec les écouteurs sur les oreilles. C’est là où j’avance le mieux et le plus vite. 

Pour de la correction, j’ai besoin de calme parce que je pratique le gueuloir (lecture à voix haute de mes phrases pour les alléger) et que je ne peux pas faire ça n’importe où. 

D’une manière générale, la régularité dans mon travail m’est nécessaire, sinon je perds le fil, la motivation, la connexion avec mes personnages.

En ce moment, j’alterne corrections et premier jet, en fonction de mon humeur. Ce n’est pas la même énergie créative qui entre en jeu. Mais la méthode me convient bien.

Pourquoi écris-tu de la SF ? As-tu un lien particulier ?

L’imaginaire est mon genre préféré depuis que j’ai appris à lire : je suis passée naturellement à la SF au collège, et puis il y a eu La Guerre des Étoiles ! J’avais 13 ans, on n’avait jamais vu un film pareil à l’époque. Puis ont suivi des tas de films formidables, comme Alien, Star Trek, etc. J’ai naturellement cherché dans mes lectures les frissons émerveillés que j’avais au cinéma et j’ai découvert tout un monde.

J’ai lu un morceau de la série Dune de Frank Herbert en édition Pocket, avec la célèbre couverture de Siudmak, durant mes années de collège. J’ai dû caler au milieu des Enfants de Dune à l’époque. J’ai adoré ce livre, vraiment, je l’ai digéré et… oublié. À l’occasion de la sortie du film de Villeneuve et de la sortie du Mook Dune dirigé par Lloyd Chery, j’ai tout relu depuis le début. Cette fois-ci, j’ai poursuivi jusqu’aux Hérétiques, où j’ai calé de nouveau. Néanmoins, l’œuvre a marqué profondément mon imagination, à tel point que je trouve des points communs avec mon propre roman, qui sont complètement involontaires et de l’ordre de l’inconscient.

Couvertures série Dune de Frank Herbert
Couverture Dune par Siudmak
Couverture de Siudmak

Au sujet de Sous la lumière d'Helios

D'où t'es venue l'idée de l'écrire ?

J’avais envie d’écrire une histoire d’aventure, d’abord, avec tous les ingrédients qui vont bien. Puis je désirais avoir des personnages féminins sortis des rôles qui leur étaient trop longtemps assignés quand j’ai découvert la SF : potiches, trophées, victimes. Et enfin, je voulais écrire une histoire optimiste, dans l’esprit des bouquins de la collection Fleuve Noir que j’achetais au kiosque en prenant mon bus après le lycée.

Combien de temps as-tu mis ?

La premier jet a commencé en 2012, mais une ébauche existait déjà en 2006, dont il ne reste rien dans le texte final. Seul mon mari l’avait lue et son retour avait été tellement sévère que j’ai arrêté d’écrire pendant des années ensuite ! Il a depuis appris à dire les choses moins sèchement, et moi à accepter la critique comme faisant partie du processus.

Avais-tu un plan ou les événements venaient au fur et à mesure de l’écriture ?

Quand j’ai commencé, je suis partie la fleur au fusil en suivant mon inspiration. Pour mes nouvelles, je procédais souvent ainsi à mes débuts. L’écriture était une sorte d’appel irrépressible. Seulement, ce qui est possible sur un texte court devient beaucoup plus complexe sur un roman. On peut toujours improviser, oui, mais il y a le risque de se retrouver coincée par une péripétie qui ne colle pas avec ce qu’on aimerait voir arriver ou qui crée une incohérence sur un personnage. Et on se retrouve très vite avec des chapitres entiers à réécrire.

J’ai recommencé le début deux fois, fait d’innombrables versions du début, de la fin. Ce ne fut absolument pas linéaire, mais j’ai appris à travailler un roman avec cette longue expérience. Cela ne veut pas dire que les suivants auront une mise au monde plus facile. J’espère juste que ce sera moins long. Il a fallu 7 versions pour arriver au livre actuel.

Quels sont les principaux thèmes abordés ? Passes-tu des messages ?

La responsabilité qui peut aller jusqu’à l’oubli de soi vis-à-vis du bien commun, l’altérité, l’écologie et l’émerveillement face à ce que l’Univers nous présente, bien entendu.

Quant aux messages, je laisse chaque lecteur libre de les chercher au travers des thèmes. J’écris des histoires divertissantes, je n’ai pas d’autre but que d’offrir un moment d’évasion.

As-tu une source d’inspiration pour le Vood et son univers ?

Inconsciemment oui, cela me vient de X-Files, une série géniale des années 90 où dans un épisode un organisme alien sous forme d’huile noire envahissait des humains et en prenait possession. Ce n’était pas un organisme bienveillant dans la série. Je me suis rendu compte de cette influence en regardant le début de la série cette année avec mon plus jeune fils.

Quelle(s) est ta/sont tes scènes préférées et pourquoi ?

La question est difficile, il y en a plusieurs. J’aime beaucoup la scène musicale avec Babel ; la musique fait partie de ma vie et j’avais envie d’une scène un peu tranquille de vie quotidienne au milieu des péripéties.

As-tu un personnage préféré ? Et un que tu détestes ? Pourquoi ?

Je ne déteste aucun de mes personnages. Même ceux qui n’ont pas le beau rôle ont des raisons d’agir comme ils le font et j’ai essayé de les soigner.

J’aime beaucoup Suria, je suis contente que le personnage t’ait plu parce qu’il me tenait à cœur. J’avais envie de personnages de tous les pays et de toutes les couleurs, ce qui est logique dans un vaisseau partant de la Terre. Concernant ma commandante, son origine vient indirectement de Star Trek, les séries. J’ai voulu féminiser et diversifier le commandement de la flotte : Dans Star Trek origines, Kirk (un Américain blanc) est capitaine de l’Enterprise, ensuite dans Next Generation, c’est Picard, un blanc Français. Ensuite on passe sur Star Trek Deep Space Nine avec Benjamin Cisko, un Américain noir (enfin !), puis on arrive à Star Trek Voyager, avec ma chouchoute Katherine Janeway (enfin une femme, blanche Américaine). Enfin, on revient à un Américain blanc avec Star Trek Enterprise. Je me suis dit : « Si c’est comme ça, chez moi on aura une femme noire commandante d’un vaisseau spatial d’importance, et elle ne sera pas américaine » !

N.B. : Je ne parle pas de Discovery où le personnage principal est Michael Burnham (une femme même si son prénom fait planer le doute), noire, aventureuse, etc. Elle devient second, mais n’est pas capitaine. (en tout cas, pas là où je me suis arrêtée)

Quel commentaire de lecteur ou lectrice t’a le plus touchée ?

J’ai eu plein de commentaires très encourageants qui m’ont fait plaisir… Difficile de choisir ! On a parlé de mes personnages qui sont vivants, du fait de ne pas arriver à reposer le livre avant la fin. Une personne l’a acheté en plusieurs exemplaires pour en offrir à tous les ados de son entourage… C’est une joie sans mélange. Merci à tous mes lecteurs et lectrices qui m’ont fait des retours, ils sont précieux ! On peut les trouver sur Babelio, sur Amazon (je crois qu’ils y sont encore sur l’ancienne édition du roman), sur des blogs sur le site de la Grande Parade, j’en oublie sûrement… J’ai eu aussi un article dans l’Écran Fantastique… j’espère que de nombreux nouveaux avis vont les rejoindre avec la version des Éditions du 38 !

Aimerais-tu vivre l’expérience de Clara avec le Vood ? Ou préférerais-tu le Fil des Tisseurs ?

Ah la question qui tue ! Ne sommes-nous pas déjà connectés à l’ébauche du Fil ?

En fait, je n’aimerais vivre ni l’un ni l’autre, mon esprit est déjà suffisamment sollicité et par trop de choses !

Et maintenant le futur...

Prévois-tu d'autres histoires dans le même univers ?

J’ai écrit une novella dans le même univers, Dans le cœur d’Eltanis, qui se passe 30 ans avant les événements relatés dans le roman. Elle peut se lire indépendamment et permet de retrouver deux personnages dont il est question dans Sous la lumière d’Hélios. Dans le cœur d’Eltanis va reparaître aux Éditions du 38, au format numérique. Ensuite, il pourrait être envisageable d’écrire d’autres romans dans le même univers, c’est assez facile quand on a un terrain de jeu tout prêt, avec un système stellaire qui peut dissimuler moult secrets !

Prévois-tu de nouveaux romans ?

Deux romans sont en cours de travail.

Le plus avancé est un roman young adult fantastique où mon héroïne devient l’héritière du don de sorcellerie de sa grand-mère. Problème : elle se destine à une carrière scientifique, alors la sorcellerie ne fait pas partie de ses plans de vie. Il y aura du rock (elle est batteuse) et une jolie histoire d’amour, des copains, et des rebondissements. Je l’ai situé en 2018 à Clermont-Ferrand, un clin d’œil à mon fils aîné qui a fait les mêmes études que mon héroïne.

Le deuxième est en début de premier jet et va aborder une passion de toujours chez moi : la danse. Ce sera un urban fantasy sans loup-garous ni vampires, mais avec un monde parallèle et une société secrète. J’aime tous mes romans, mais celui-là est en préparation depuis des années, et je me régale à l’écrire. Son héroïne, Maïa, sera un peu plus jeune que moi, mais aura passé la cinquantaine. J’aime bien l’idée de mettre en scène une femme plus très jeune, après deux premiers romans comprenant des héros dans la vingtaine ! On va avoir des tas d’expériences à partager, Maïa et moi, des idées et peut-être des regrets.

Le mot de la fin

Merci à Dominique Lémuri pour cet interview. Elle m’a permis de rafraîchir ma mémoire et d’étendre mes connaissances sur les séries Star Trek et Dune.

Si vous vous rendez aux Aventuriales, vous aurez toutes les chances de rencontrez l’autrice de Sous la lumière d’Helios ; puisqu’elle en est une des organisatrices.

Vous pouvez aussi la suivre sur Instagram et Facebook, ou sur son site d’autrice.

Interview Dominique Lémuri - post Instagram

Laisser un commentaire