Perosia Astelle

Genre littéraire : le planet-opera

Genre littéraire Lecture

Amatrice de science-fiction – pas trop la « hard » SF (orientée technologie) –, je vous présente un sous-genre en vogue dans les années 60-90 et qui a perdu en popularité dans la littérature de l’imaginaire. Le planet-opera. Vous en avez peut-être vu sans le savoir au cinéma ou à la télévision avec Cosmos 1999 (pour les plus nostalgiques), Star TrekStargate (SG1, ma série préférée avec les premières saisons), Avatar et Dune (par exemple).

Comme pour tous les articles sur un genre littéraire, je partage avec vous le résultat du sondage effectué sur Instagram. C’est toujours intéressant de voir la compréhension qu’on les lecteurs, lectrices, mais aussi auteurs et autrices. Ainsi, seulement 61% des participants ont coché la bonne réponse, et 33% sont tombés dans la question piège (celle du voyage vers une mystérieuse planète). Wikipédia m’a inspirée cette dernière, vous trouverez l’extrait dans la section suivante sur la définition du planet-opera. Ce score final est dans la même veine que ceux obtenus pour l’urban-fantasy et la science-fantasy, une preuve qu’il y a de quoi se perdre dans la jungle des genres et sous-genres littéraires.

Resultat sondage planet-opera sur Instagram

Qu’est-ce que le planet-opera ?

Le planet-opera est né au XXè siècle, et partage un des précurseurs de la science-fantasy : les aventures de John Carter dans le Cycle de Mars de Edgar Rice Burroughs, le père de Tarzan, en 1912. Mais le maître incontesté du genre demeure l’auteur très prolifique des années 60-90, Jack Vance (Cycle de Tschaï, Cycle d’Alastor, Chroniques de Durdane, etc.).

Wikipédia : À la différence du space opera, genre de science-fiction qui relate des aventures se déroulant dans l’espace, le planet-opera (littéralement, « opéra planétaire ») a pour décor une planète étrangère, aux caractéristiques déroutantes et mystérieuses. Les principaux personnages ont pour mission de l’explorer et de la découvrir sous tous ses aspects (vie extraterrestre pensante ou non, flore, ressources).

Certains planet-operas prennent place dans une culture futuriste où le déplacement entre les planètes par voyage spatial est commun. D’autres décrivent les projections astrales et autres méthodes pour voyager de planète à planète. C’est l’aventure se déroulant sur la planète qui est au centre de l’intrigue et non le mode de déplacement.

Le planet-opera permet de s’intéresser de plus près aux aspects sociologiqueséconomiques, voire anthropologiques, à une échelle plus humaine que d’autres types de science-fiction.

Suivre l’évolution de la planète sur plusieurs centaines ou milliers d’années permet également une mise en scène des civilisations.

Il faut bien entendu considérer « planète » au sens large. Pandora dans Avatar est en fait une lune de la géante gazeuse Polyphème qui orbite autour d’Alpha Centauri A. Comme d’habitude, je mets un bémol à la définition de Wikipédia (et ceci correspond à mon point de vue personnel). L’intrigue ne tourne pas nécessairement sur l’exploration d’une nouvelle planète. En revanche, elle prend place sur une et même planète, permettant ainsi d’en découvrir sa richesse. Percevez-vous la nuance (moyen versus but) qui élargit considérablement le champ des possibles ?

Toutefois, la planète (ressources, économie, politique, etc.) doit avoir un impact sur l’intrigue pour que l’histoire soit classée dans le planet-opera. Si vous modifiez le scénario de Stargate, où les Terriens ne font que libérer des esclaves sur un autre monde, puis rentrent chez eux, cet univers étranger n’aura servi que de décor. Or, et la série Stargate SG-1 le renforce, les Terriens sont eux-mêmes en danger. Ils iront visiter d’autres mondes pour à la fois découvrir de nouvelles technologies et trouver des alliés contre les Goa’ulds.

Stargate montre aussi que le planet-opera n’empêche pas de contenir une part de space-opera, sans que celui-ci prédomine.

Et si la planète était la Terre elle-même ? Je dirais pourquoi pas. Le meilleur exemple qui me vienne à l’esprit est la Planète des singes pour les films de 1968 ou 2001. Le livre de Pierre Boulle (1963, Éditions Julliard) se passe sur une autre planète, même si la fin se rapproche du film (pas de spoiler).

certains, pas tous, auteurs ne classent pas en planet-opera les histoires où la technologie intervient peu ou prou dans l’intrigue (le côté SF), plus en France que dans les pays anglo-saxons. Ce serait le cas pour la Ballade de Pern (Ann McCaffrey) ou Ténebreuse (Marion Zimmer Bradley). Personnellement, je ne le fais pas. Quant à ma saga de planet-opera/science-fantasy, elle contient une part de technologie (armes, voyages spatiaux, médecine, clones…).

Qu'est-ce que n'est pas le planet-opera ?

Voici une liste non-exhaustive à ne pas confondre avec le planet-opera :

    • Science-fantasy : pour plus d’informations, je vous renvoie à mon article. Ce sous-genre mélange la science-fiction et la fantasy, mais l’histoire n’a pas lieu obligatoirement sur une autre planète.
      En revanche, la science-fantasy et le planet-opera sont deux sous-genres de la SF complémentaires.
    • Space-opera : se caractérise par des histoires d’aventures épiques ou dramatiques se déroulant dans un cadre géopolitique complexe. Suivant les œuvres, le space opera rime avec exploration spatiale à grande échelle ou guerres intergalactiques.
      Comme pour la science-fantasy, le space-opera peut-être associé au planet-opera (exemple avec Stargate).
    • Hard science-fiction: histoires dans lesquelles les technologies, les sociétés et leurs évolutions peuvent être considérées comme vraisemblables au regard de l’état des connaissances scientifiques au moment où l’auteur écrit son œuvre.
      La hard SF peut être très prédominante dans le planet-opera ou ne pas exister, mais elle ne suffit pas en elle-même, puisque le planet-opera cherche à étudier des sociétés et leur monde.
    • Soft science-fiction : se préoccupe plus de l’aspect social que des sciences ou de l’ingénierie. Deux définitions possibles lui sont attribuées : soit elle est axée sur l’exploration des sciences dites « douces », plutôt que sur celles dites « dures » ; soit elle n’est pas scientifiquement correcte. Cela peut être aussi les deux.
      Il sera donc plus aisé d’associer de la soft SF que de la hard SF à du planet-opera. On retrouve ainsi Jack Vance, Frank Herbert, Asimov.

Quels sont les éléments caractéristiques du planet-opera ?

Comme le planet-opera se focalise sur les aspects sociologiques, économiques ou anthropologiques d’une planète, l’histoire mettra l’accent sur un ou plusieurs des points suivants :

 

    • Une planète, une lune, ou un monde artificiel
    • Des ressources particulières (géologie, écologie, climatologie…)
    • Des êtres vivants, créatures ou végétations endémiques
    • Une politique et/ou une économie très différente de celles rencontrées sur Terre
    • Une technologie propre aux êtres vivants
    • Une culture et/ou une société singulière

Quelques exemples de livres

Parmi les livres les plus connus du genre, on retrouve :

    • Dune de Fank Herbert
    • Ténébreuse de Marion Zimmer Bradley (beaucoup de tomes)
    • La Ballade de Pern de Anne McCaffrey
    • Le cycle de Tschaï de J.Vance

Toutefois, la liste est bien plus longue, comme le montre celle sur Babelio, si vous cherchez d’autres inspirations. Elle contient quelques auteurs français :

Pour la sortie de Sous la lumière d’Helios aux Éditions du 38 le 24 mars 2023, le prochain article de mon blog couvrira la chronique de ce planet-opera. Une interview de l’autrice, Dominique Lémuri (une des rares autrices francophones dans ce genre), suivra un peu plus tard.

Conclusion

Le planet-opera offre un terrain fertile à la construction d’un monde de A à Z, mais aussi à l’exploration de thèmes sociétaux. Associer ce sous-genre uniquement à la science-fiction, et surtout la hard SF, peut rebuter les lecteurs et les lectrices. Il faut donc sortir de cette image qui lui nuit, car ce genre centre plus l’histoire sur le développement des personnages dans une société particulière. Une approche similaire à la fantasy.

La flexibilité du planet-opera, enfin, autorise un mélange riche avec beaucoup de sous-genres, y compris en dehors de la science-fiction, auxquels on ne penserait pas de prime abord. Le mot opéra n’est-il pas en lui-même une promesse de cette diversité ? Alors, n’hésitez pas à jeter un œil neuf sur la multitude de romans existants et à venir.

Affiche série TV Stargate SG1

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