Au tour de Johnathane Hoctor-Anger de répondre à quelques question, à la suite de ma chronique sur son livre Alix et le Duc (éditions Humbird and Curlew). Il se confie sur son parcours, l’écriture de son livre, mais aussi de la suite de la saga Protocole Expansion.
Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis Johnathane Hoctor-Anger, fier normand qui vit dans la culture geek depuis la plus tendre enfance. La littérature a toujours été présente dans ma vie et c’est aujourd’hui un grand honneur de pouvoir apporter ma modeste contribution à ce formidable édifice au travers de mes histoires.
Ndlr : Johnathane aime aussi rédiger des chroniques, elles sont disponibles sur son blog. N’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil.
Pourquoi de la SF ? As-tu un lien particulier ? Écris-tu dans d’autres genres ?
C’est le genre qui convient à chaque éternel rêveur fasciné par l’inconnu et les mystères. C’est le terrain de tous les possibles, celui qui repousse toutes les limites ! Nous rêvons tous d’un lendemain meilleur, et la SF est un formidable bac à sable pour combler cette attente et cette fascination.
Plus qu’un lien c’est presque une religion ! J’ai grandi avec la SF télévisuelle : Star Trek, Stargate, Star Wars, Retour vers le futur, à l’adolescence j’ai rencontré Doctor Who. C’est tout un pan de ma culture qui s’est forgée autour de ces œuvres !
J’écris dans beaucoup d’autres genres : romance, fantastique, fantasy, horreur… La limitation est inconcevable, je refuse qu’on me dise « si tu écris tel genre alors tu dois y rester ». Si j’ai envie d’écrire sur un sujet ou une idée, je le fais, un vrai vagabond littéraire !
Au sujet de Alix et le Duc, tome 1 de la saga Protocole Expansion
D'où t'es venue l'idée de l'écrire ?
Protocole Expansion, c’est un rêve de gosse ! J’ai grandi le nez dans les étoiles avec toutes ces histoires cosmiques. Il y a ce côté explorateur ancré en nous depuis la nuit des temps et, à défaut de pouvoir nourrir cette pulsion réellement, je le fais par écrit. Et comme tout voyage est toujours plus agréable entre amis, c’est un vrai bonheur de pouvoir le partager avec vous !
C’est une rencontre de plusieurs idées qui se croisent depuis 2016/2017. Je voulais lancer mon odyssée spatiale, et je me suis dit qu’un décor de fin du monde ce serait une raison valable pour lancer ce projet, explorer l’inconnu du cosmos tout en réfléchissant aux conséquences des actions de l’Humanité sur la Terre. Et puis il y a cette histoire plus particulièrement, l’idée d’un choc sociétal avec un « misérable » recueilli par un « noble » me titillait beaucoup, je trouvais amusant de faire une passion taboue entre celui qui n’a rien et celui qui possède tout, de voir où ça mènerait. Le tout s’est bien mélangé et voilà !
Combien de temps as-tu mis ?
C’est plutôt difficile à quantifier parce que je jongle toujours entre plusieurs projets. J’ai besoin de laisser le manuscrit se reposer, de l’oublier un peu pour pouvoir revenir dessus avec un œil différent. Chaque récit demande plusieurs réécritures, le premier jet et le roman final sont presque deux œuvres différentes, mais ça fait partie de la beauté de ce métier.
Je n’étais pas certain de l’accueil qui serait fait à Alix et le Duc, alors je l’ai repoussé plusieurs fois… Au final ça a duré dans les six ans, alors que j’ai dû passer maximum huit mois dessus !
Avais-tu un plan ou les événements venaient au fur et à mesure de l’écriture ?
Je n’ai utilisé aucun plan pour Alix et le Duc, son écriture a été très instinctive et naturelle. J’adore cette façon d’écrire au fil de l’eau, c’est un peu comme laisser les personnages raconter leur histoire. Suivre un plan, soit ça me bloque, soit le récit dévie inévitablement.
Et d’ailleurs ça mène à la deuxième partie de ta question ! J’avais une idée de là où je voulais aller pour la fin, sauf qu’au fil du récit je me suis rendu compte qu’on tendait vers autre chose. En laissant l’histoire se dérouler naturellement, la fin est meilleure que celle que j’avais prévue. Comme quoi, les plans ne sont pas faits pour moi.
As-tu une source d’inspiration pour ce récit ?
Freud et son Œdipe ? L’histoire se joue un peu de ce principe de psychanalyse connu.
Il y a toujours un petit côté religion/mythe/culte dans mes écrits aussi.
Je ne m’étais pas posé la question, mais on peut citer le travail de Neil Blomkamp. J’étais ado, ça remonte un peu, mais District 9 et Elysium sont deux gros « waouh » de ma vie de cinéphile.
Quelle(s) est ta/sont tes scènes préférées et pourquoi ?
Je vais en choisir deux : la scène du dortoir avec Mélissa. Je pense que c’est là qu’on voit le mieux toute la fragilité de la position d’entre deux mondes d’Alix.
La seconde, c’est quand Alix parle des dimanches au Manoir. C’est la fin du monde, mais eux se réunissent et font la fête. C’est une belle idée à laquelle j’ai profondément envie de croire, surtout en ces temps : tant qu’on a cet esprit de communauté, on pourra tout affronter.
As-tu un personnage préféré ? Et un que tu détestes ? Pourquoi ?
Alix a une place vraiment particulière dans mon cœur. C’est mon chouchou, de ce que j’ai fait jusqu’ici et je pense de tout ce que je ferai à l’avenir. Il m’a touché, c’est un peu étrange à dire, mais pendant que je travaillais sur lui, lui travaillait sur moi.
J’ai mis beaucoup de moi dans cette histoire et ces personnages, ça m’a en quelque sorte psychanalysé.
Il est peu présent dans ce récit, mais Gideon Marcus. Il est là pour ça ! Il représente tout ce que j’abhorre : l’individu friqué qui se croit au-dessus de tout et tout le monde, qui méprise ceux qu’il piétine pour parvenir à ses fins.
Aimerais-tu vivre l’expérience de Alix ? Ou d’un tout autre personnage ?
Je pense que je n’y survivrais pas. La fin du monde, le bidonville, même l’enfermement sur le Normandie. C’est un vaisseau-ville, la vie peut y être agréable, mais on reste dans une boîte de conserve qui flotte dans un milieu extrêmement hostile, le moindre problème peut signer notre mort, c’est peu enviable comme situation !
Quel commentaire de lecteur ou lectrice t’a le plus touchée ?
Un peu tous ! Je suis une personne très émotive alors le moindre compliment me remplit de joie et me fait chialer comme une madeleine.
Il y a une chroniqueuse qui s’appelle « Helene et les bouquins », elle a lu tout ce que j’ai écrit ! Je ne pensais pas qu’elle lirait Alix et le Duc parce qu’elle n’est pas portée SF, mais elle l’a adoré et a été très élogieuse dessus.
J’ai trouvé ça vraiment intense qu’une personne dise « d’ordinaire je suis fan de ce genre, mais ça j’ai adoré ». C’est la plus belle des récompenses qu’une personne ait aimée notre travail.
Et bien sûr il y a mon père ! Parfois il aime et parfois pas, mais je trouve formidable qu’il s’intéresse à ce que j’écris. Je ne lui ai pas encore donné Alix et le Duc, mais ça viendra.
Et maintenant le futur...
Peux-tu nous parler des tomes à venir de ta saga Protocole Expansion ?
L’idée qui guide la saga c’est d’explorer cet univers inconnu, d’en découvrir les secrets et les mystères, mais aussi de s’interroger sur notre espèce, notre passé et notre devenir, ce qui fait le meilleur et le pire de l’Humanité.
Il y aura beaucoup de sujets, de thèmes et de genres différents qui seront racontés au travers de plusieurs Arches, qui seront elles-mêmes très différentes : capitalistes, humanistes, scientifiques, militaires, religieuses… C’est la raison pour laquelle je veux cette saga « non linéaire », pour permettre une indépendance entre les récits afin que chaque personne puisse lire l’histoire qui lui fera envie sans s’encombrer du reste si ça ne l’intéresse pas.
Il y aura une autre histoire sur « le Normandie », elle n’était pas prévue, mais il y a encore des choses à découvrir sur ce vaisseau et ses occupants. Comme je disais, elle pourra être lue en totale indépendance de Alix et le Duc, bien que nous y retrouverons quelques personnages familiers ! C’est un petit défi, mais je tiens à offrir cette liberté de lecture.
D’autres projets me tiennent également à cœur pour le Protocole Expansion, notamment un roman avec des vibrations plus écologiques, et un survival-horror. C’est très varié ! Il y a plein d’idées et énormément de choses à faire dans cet univers.
Pour les dates de publication, c’est difficile à dire. Je commence en ce début 2023 la rédaction de cette autre histoire sur le Normandie, mais une fois soumise à mon éditeur Humbird & Curlew ça ne dépend plus réellement de moi.
Prévois-tu d’autres histoires en dehors de cette saga ?
Oh que oui ! Je travaille depuis dix ans sur une trilogie de roman SF qui va mêler invasion extraterrestre et mythologie divine. C’est déjà écrit ! Le tome 1 a récemment rejoint le comité de lecture de mon éditeur, je termine les corrections du T2 pour le printemps et celles du T3 suivront probablement cet automne.
Il y a une demi-douzaine de romans « one shot » d’ores et déjà planifiés. Et j’ai également une autre trilogie à écrire, dans un genre plutôt horrifique-fantastique, c’est un projet faramineux qui me tarde de présenter !
Le mot de la fin
On va jouer au sage pour une fois : « écoutez votre cœur, suivez vos envies et menez la vie que vous souhaitez. »
Ça m’a pris beaucoup de temps pour me détacher du regard, et parfois des rires, des gens. C’est pas toujours facile de suivre sa propre voie, mais c’est le plus beau des cadeaux que l’on puisse se faire, c’est le seul moyen de vivre vraiment.
Merci Perosia pour la chronique et l’interview ! Et merci à vous qui avez lu cet article. J’espère que ça vous aura donné envie de devenir membre du Protocole Expansion.
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