Perosia Astelle

Genre littéraire : l’urban-fantasy

Genre littéraire Lecture

Quand j’ai commencé à écrire, j’avais une vague idée des genres littéraires dans l’imaginaire. D’autant que mon approche consiste à raconter une histoire en premier, à déterminer ses sous-genres ensuite. J’ai juste le genre principal en tête. La recherche des genres/sous-genres n’est pas anodine. Elle peut influencer la classification de son récit, surtout lorsqu’on aime les mélanger comme moi, et donc le message à passer à une maison d’édition ou aux lecteurs et lectrices.

Cet exercice de trouver les bons genres/sous-genres d’une œuvre nécessite de les comprendre. J’ai remarqué au travers de mes discussions sur les réseaux sociaux que beaucoup d’entre nous étaient loin de les maîtriser. Ceci m’a poussé à rédiger un article sur la science-fantasy (raison donnée dans l’encadré ci-dessous). À ma grande surprise, celui-ci et la publication sur Instagram ont amené plus de retours que je ne le pensais.

Alors pourquoi ne pas continuer ? D’abord avec les genres et sous-genres de mes récits et lectures, puisque ce sont ceux que je connais le mieux. Puis je tenterais de poursuivre mes articles avec d’autres, au travers de sondages sur Instagram. J’espère ainsi aider tant les auteurs, autrices que les lecteurs, lectrices à naviguer dans l’océan sans limites de l’imaginaire.

Pour ce second article sur un genre littéraire, j’ai donc choisi l’urban-fantasy, genre principal de ma duologie Pravisam (enfin pas tout à fait comme cet article l’expliquera). Un choix qui s’est avéré intéressant, car j’ai pu approfondir mes connaissances à titre personnel. J’ai ainsi noté qu’en France, la bit-lit – un sous-genre de l’urban-fantasy – était surtout mis en avant chez certaines maisons d’édition (Milady par exemple), avec souvent de la romance. Le sondage que j’ai effectué sur Instagram, et des discussions en MP, m’ont confortée dans cette interprétation. L’urban-fantasy est (heureusement) bien plus vaste.

Nous sommes tous et toutes d’accord pour dire que le plus important reste le texte, et le genre/sous-genre, on s’en fiche. Je suis la première à ne pas aimer vouloir entrer dans des cases (avec ou sans chausse-pied). Mais nous n’avons pas le choix. Comme les éditeurs, libraires et autres professionnels les utilisent, autant les maîtriser un minimum.

Qu’est-ce que l'urban-fantasy ?

L’origine de l’urban-fantasy (ou fantaisie urbaine) se déduit du nom lui-même : l’ère dite moderne, concernée par l’industrialisation et l’urbanisation à outrance. Quant à trouver une date exacte, l’exercice n’apporterait pas beaucoup et, comme tout nouveau genre/sous-genre, il n’apparaît pas en un claquement de doigts. Sans compter son évolution au fil des années. Toutefois, ce sous-genre s’est surtout développé à partir de la seconde moitié du XXe siècle.

D’après Wikipédia, l’urban-fantasy est un sous-genre (ndlr : de la fantasy) où des créatures légendaires, féeriques ou mythologiques vivent dans un centre urbain dont le niveau technologique peut varier entre la fin du XIXe siècle et le XXIe siècle. Magie et technologie s’y côtoient. L’élément le plus important de la fantasy urbaine est qu’elle prend place dans un centre urbain, un univers familier créé par l’homme, qui se trouve en contraste avec celui généralement associé aux créatures surnaturelles : le surnaturel fait irruption dans le monde civilisé

Pour l’aspect surnaturel, la définition de Wikipédia manque un point crucial : celui-ci est accepté par les personnages du récit. Sinon, on rattacherait l’urban-fantasy au fantastique et non à la fantasy.

L’urban-fantasy est né avec la volonté de dénoncer les conséquences ou les excès d’une société matérialiste et industrialisée, à travers les yeux d’une communauté surnaturelle (fées, loups-garous, vampires, orques, sorciers…). Laquelle le plus souvent souhaite renverser les humains qui menacent leurs habitats et leurs modes de vie.

L’ostracisme apparaît donc naturellement dans ce sous-genre, où cette minorité de la fantasy doit vivre cachée si elle ne veut pas être détruite par les bien-pensants. Une histoire imaginaire dans ce sous-genre peut servir à faire un parallèle avec notre monde actuel et ses discriminations, écologie inclus. L’urban-fantasy a de beaux jours devant soi, à condition de ne pas la dénaturer ou la confondre (ou la restreindre) avec d’autres sous-genres au premier abord similaires. Point abordé dans la section suivante.

Le savez-vous ? L’urban-fantasy est un sous-genre de de la contemporary fantasy, laquelle ne se limite pas au cadre urbain. Ce point est si méconnu que la définition dans Wikipédia n’existe qu’en anglais à ce jour.

Et j’ai un aveu à vous faire : Pravisam est de la contemporary fantasy. Vous y trouverez la dénonciation du sexisme, du patriarcat, du racisme, du rejet de minorités (à notre époque) dans une histoire mêlant vampires et humains, sur un yacht pour le tome 1, et dans un village de montagne pour le tome 2.

Malheureusement, quand j’indiquais le vrai sous-genre de ma duologie, personne ne me comprenait, y compris les maisons d’édition (ME). Je me suis donc « rabattue » sur l’urban-fantasy, en explicitant le cadre.

Moodboard La Symphonie endiablée (urban-fantasy)

Si on réfléchit à la base de l’urban-fantasy, ne pourrait-on pas comparer l’urban-fantasy à la SF où les villes industrialisées remplacent les planètes hostiles et les vaisseaux spatiaux bourrés de technologie, et les êtres surnaturels de la fantasy, les dangereux extra-terrestres ? Ces deux genres possèdent plus de points communs qu’il ne semble.

Enfin, la définition sur le fond de l’urban-fantasy permet de le mélanger avec d’autres sous-genres de la fantasy, repoussant encore plus loin les limites que l’on s’impose (et non de l’imaginaire). Et pourquoi pas à de la SF et/ou du steampunk ? Les Voies d’Anubis de Tim Powers en est un exemple réussi.

urban-fantasy : cover du livre Les Voies d'Anubis

Qu’est-ce que n'est pas l'urban-fantasy ?

Sans établir une liste exhaustive, voici quelques sous-genres similaires, mais qui ne sont pas (ou tout à fait ou entièrement) de l’urban-fantasy :

    • Fantastique : se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans le cadre réaliste d’un récit. Le héros fantastique a presque systématiquement une réaction de refus, de rejet ou de peur face aux événements surnaturels qui surviennent. Le fantastique est très souvent lié à une atmosphère particulière, une sorte de crispation due à la rencontre de l’impossible. La peur est souvent présente, que ce soit chez le héros ou dans une volonté de l’auteur de provoquer l’angoisse chez le lecteur. Néanmoins, ce n’est pas une condition sine qua non du fantastique.
      Dans l’urban-fantasy, les personnages peuvent rejeter les êtres surnaturels (choc de la découverte), mais ils finissent par les accepter et à interagir.
    • Bit-Lit : met en scène obligatoirement une héroïne. Elle est confrontée au surnaturel (lutte contre des vampires, des loups-garous…), ainsi qu’aux tracas de la vie quotidienne. La romance n’est pas obligatoire, mais la tension sexuelle est souvent là.
      Si la Bit-lit peut être considérée comme un sous-genre de l’urban-fantasy, l’inverse est faux. Malheureusement, c’est souvent le cas en France, avec le succès de séries comme Buffy contre les vampires et Twillight. De plus, l’action met au second plan, ou chasse, la critique du monde matérialiste et industrialisée.
    • Romance paranormale : mélange romance et surnaturel.
      La romance entre un humain et un être surnaturel prédomine. Elle peut apparaître dans la bit-lit ou l’urban-fantasy, en second plan.
    • Uchronie de fantasy : est un genre entre l’uchronie, le roman historique et la fantasy. Elle se déroule dans le passé ou dans le présent ou dans le futur.
      L’uchronie impose que les êtres surnaturels soient connus de tous les humains quand dans l’urban-fantasy, ils se cachent.
    • Low fantasy : se situe dans un environnement apparemment normal qui est perturbé par l’apparition d’objets ou d’entités magiques, êtres surnaturels.
      Le low fantasy et l’urban-fantasy partagent l’existence potentielle d’êtres surnaturels qui se cachent à la majorité des humains. Ces deux sous-genres ont beaucoup en commun, et se différencient soit par la période (aucune particulière pour la low fantasy), soit sur la non-dénonciation de l’univers des humains (époque moderne), soit les deux.
Affiche film Buffy contre les vampires. Bit-lit
Affiche film Twillight. Bit-lit

Quelques exemples de livres

Le site Babelio propose une liste fournie sous le hashtag urban-fantasy.

Pour les auteurs francophones, plus difficiles à dénicher, j’ai trouvé :

Si vous en avez à me recommander chez les francophones, n’hésitez pas à mes les indiquer en commentaires.

Conclusion

L’urban-fantasy confronte des êtres surnaturels, en minorité, aux humains dans un cadre urbain. La caractéristique principale est de dénoncer une société matérialiste et industrialisée, sans oublier la discrimination envers ceux et celles qui sont différents.

Quand une intrigue de ce type se déroule ailleurs que dans une ville, on parle de contemporary fantasy (comme ma duologie Pravisam). Les deux peuvent prendre place dans le passé industriel, le présent ou le futur.

Le mot de la fin ? Les ME et autres professionnels n’appliquent pas toujours stricto sensu ces définitions. Ils classent des romans dans l’urban-fantasy dès que ceux-ci concernent des humains en conflit contre des êtres surnaturels à notre époque moderne (la bit-lit en est un parfait exemple).

Urban-fantasy, humain avec épée et pistolet dans une ville

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