Aimez-vous lire la genèse d’un film ou d’un livre ? Comprendre comment ou pourquoi l’auteur a eu certaines idées ? Qu’est-ce qui lui tenait à cœur ? Souvent connaître ces petits détails de conception donne un côté plus humain à une œuvre. On est dans son prélude et on voudrait entrer dans la tête de son auteur pour suivre ses réflexions. Et s’exclamer : OMG, mais c’est trop génial !
Pravisam, ma duologie en urban-fantasy n’échappe pas à ce souhait. Des lecteurs, des lectrices, des amis, des amies, de la famille ou de simples connaissances me demandent la genèse de ce premier projet qu’ils lisent ou non les histoires. Voici donc comment je suis partie d’une idée de base à la conception de La symphonie endiablée, puis La symphonie achevée.
L’idée de base
Quand j’ai commencé à écrire, je dévorais les livres (plutôt en historique et whodunnit), mais je ne savais pas comment construire une histoire. Et pourtant, une idée trottait dans ma tête depuis des années. Elle se basait sur une civilisation alien aux pouvoirs psychiques puissants, comme on peut le rencontrer dans Les chroniques de Ténébreuse. Avec une différence notable : toute la population vivrait et profiterait de ces donc. Cela a nécessité un important world-building, un apprentissage de l’écriture, une préparation en amont de l’intrigue et des personnages. Cette saga, Auroeris, je l’ai commencée en 2018 et il ne me reste plus que la seconde partie du dernier tome (le quatrième) à coucher sur le papier. J’ai prévu poursuivre ce premier jet fin 2024.
En parallèle à ce projet de longue haleine, une autre idée s’est peu à peu imposée à moi : raconter une histoire à partir de mes loisirs personnels. Au printemps 2020, je franchissais le pas. Pourquoi ? Parce que j’avais besoin de souffler par rapport à ma saga, très très prenante. La détente et une part d’amusement furent donc mon fil rouge. J’ai refusé d’établir un plan, et j’ai imaginé mes personnages à mesure que l’histoire se déroulait. En mode jardinier (avec la vue sur une fin sans entrer dans les détails).
Les briques
La première brique de cette genèse était de déterminer le loisir personnel (nous en avons tous et toutes plusieurs)
J’ai choisi la plongée sous-marine, car je l’ai pratiquée de longues années jusqu’à devenir monitrice MF1. Avec ces bases solides, inutile de me lancer dans des recherches (amusement et détente, le fameux fil rouge).
L’expatriation m’a éloignée de cette activité, mais j’espère la reprendre bientôt. Peut-être en 2024. Et la photo de la raie est de moi.
Qui dit plongée, dit bateau. L’histoire se déroulerait en un huis clos sur un yacht. C’est peut-être une influence de mes lectures whodunnit (Hercule Poirot, Sherlock Holmes…). Seulement, se cantonner à la plongée, je risquais d’ennuyer les lecteurs et les lectrices très rapidement. Elle devait juste servir en second plan. Il me fallait une autre activité, qui serait le socle de l’intrigue, puis définir l’élément perturbateur avec son antagoniste.
Pour cette brique principale, je me suis basée sur la télé-réalité en Allemagne, où je vivais. Deutschland sucht den Superstar (Dieter Bohlen, chanteur du groupe Modern Talking), est l’équivalent de La Nouvelle Star. L’émission se déroule en partie sur un yacht, puis dans des îles exotiques.
J’ai donc imaginé une compétition de musique… classique, afin de me démarquer de la télé-réalité. Un choix osé, car je n’y connais rien. Une vraie quiche ! Là, je devais entrer dans des recherches approfondies, que j’ai pu compléter par des discussions avec des amis mélomanes. Côté formation d’un musicien, des élèves qui lisaient mon premier jet sur Wattpad m’ont aidée.
Restaient l’élément perturbateur et les antagonistes de l’histoire. Comme je suis attachée à l’imaginaire, je n’ai pas hésité longtemps. Ma sélection tomba sur les vampires. Néanmoins, n’étant pas une groupie des monstres sanguinaires, j’ai créé un univers où certains voulaient tuer les humains et d’autres les défendaient. Un univers où une solution existait pour ne plus dépendre du sang. Avec un coût. La perte de l’immortalité et de certaines capacités physiques.
Quant aux protagonistes, je demeure fidèle à mon goût des fratries. Les fausses jumelles, Listiane et Dorémielle, sont ainsi nées, violonistes dans l’orchestre national de Lille (d’où je suis originaire). Je n’oubliais pas le côté amusement de mon projet et je l’ai traduit par une journaliste incognito à la plume acerbe. Elle écrit des articles pour le Cancans du coin (une caricature de la presse people).
La symphonie endiablée
Je me suis vraiment amusée à écrire le premier jet de La symphonie endiablée, dont je publiais les chapitres au fur et à mesure sur Wattpad. L’histoire plaisait surtout à ceux et celles qui aiment l’humour. Un humour piquant, pas vulgaire, basé sur des joutes verbales et quelques scènes comiques. Mais aussi sur des métaphores filées, dont je ne connaissais pas l’expression. Je suis une scientifique à la base, et non une littéraire.
Pour moi, cette histoire ne devait être qu’un one-shot, comme le prouve la couverture sur Wattpad (réalisée par AstralArc). Il n’était pas question de partir dans une nouvelle saga, j’en avais une qui m’attendait.
Cependant, le retour des lecteurs et lectrices m’a vite fait comprendre qu’un tome 2 était envisageable.
Si le monde des vampires est présent dès le second chapitre du tome 1, il dévoile peu l’étendue de son univers. J’avais donc un champ ouvert à exploiter.
La symphonie achevée
Au moment de concevoir ce tome 2, j’avais deux impératifs : approfondir le monde des vampires et raconter le passé de l’antagoniste du tome 1. Car les lecteurs et lectrices me demandaient comment ce dernier avait évolué ainsi. Je lui ai donné plusieurs occasions et une amoureuse pour ne pas sombrer du côté obscure, lié à des thèmes de vengeance et jalousie. Raconter le passé d’un personnage permet de vraiment de le nuancer.
Il me fallait encore le cadre et l’intrigue. Le premier s’est de nouveau imposé par mes loisirs : le parapente et le canyoning. Le récit se déroulerait en montagne. J’y ai ajouté l’escalade, que je n’ai jamais pratiquée (question de vertige, c’est vrai !).
L’intrigue, elle, m’est venue avec la définition de l’urban-fantasy. Je n’avais pas réfléchi au genre littéraire lors de l’écriture du tome 1. Mais soumettre un roman à des maisons d’édition le nécessitait. J’ai épluché les articles sur internet sur l’urban-fantasy et un des points a trouvé un écho en moi. Le côté rébellion/dénonciateur de faits sociétaux. Cela m’a servi à définir le fond de l’intrigue : un village aux règles rigides et discriminatoires. Plutôt que de prendre le traditionnel patriarcat, j’ai choisi le matriarcat, mais la dénonciation reste la même. En revanche, ce régime me permettait de confronter un des protagonistes, masculin, à sa faiblesse. Le sexisme.
Au final, le récit mélange urban-fantasy et dystopie. Vous savez, cette dystopie qu’on voit souvent en SF (Hunger Games, Divergence…). Il y a de quoi vous régaler avec ce tome 2.
L’écriture est partie aussi en mode jardinier, sur un ton plus dramatique que celui du tome 1. Elle s’est terminée dans le délai imparti pour Humbird & Curlew, en profitant des commentaires sur Wattpad. J’ai pu même ajouter quelques éléments dans le tome 1 en lien avec le tome 2. Les deux intrigues restent indépendantes. On peut lire le tome 1 sans le 2 (mais l’inverse n’est pas vrai, en raison des révélations dans le tome 2).
Conclusion
Pravisam est parti d’une idée de base, une histoire autour de mes loisirs personnels, et l’envie de m’amuser. Elle s’est construite petit à petit, sans vrai plan, sans réfléchir au genre littéraire. Le projet a démarré en 2020 avec un one-shot et s’est terminé en 2022 en duologie.
Il a réussi à convaincre une maison d’édition, et le tome 1 a été sélectionné pour le prix premier roman du festival Etrange-Grande. Comme quoi !
Quant aux avis, j’ai souvent des retours positifs sur les deux tomes (disponibles sur Babelio). Ils ont chacun leurs caractéristiques propres. L’aventure, le whodunnit et l’humour pour La symphonie endiablée. L’urban-fantasy et la dystopie (plus sombre) pour La symphonie endiablée. Il y a même de la romance en second plan.